jeudi 27 mars 2014

Les Confessions phénoménales de Panpan le Goéland


La scène se passe à l’aube, en l’église de Locmaria à Quiberon, dans les ombres du confessionnal, le
jour de la célébration du martyre de Sainte-Sardine.
Panpan le Goéland, les ailes jointes dans la prière, se confie à son prêtre.
-Mon Père, j’ai pêché.
-Tu as péché, mon fils ?
-Oui, mais avec un accent circonflexe.
-Évidemment, c’est plus grave. Raconte-moi.
-J’ai pêché, mon Père, à la Pointe du Conguel, au Porigo, au Castéro, à Saint-Julien et même sur la
plage de Port-Bara.
-A Port-Bara ? Mon Dieu ! Continue.
-J’ai pêché des sardines, des anchois, des huîtres et des crevettes.
-C’est pas bien, mon enfant. Tu t’es conduit comme le dernier des Quiberonnais.
-Le premier, Mon Père, le premier
-Que veux-tu dire, mon enfant ?
-On était là avant. J’ai aussi pêché des étoiles de mer, surtout les rouges, les étoiles de mer rouges
de la Côte sauvage.
-C’est bouffable, ces trucs-là ? Enfin, les goûts et les couleurs…
-Mais ce n’est pas tout, mon Père. J’ai aussi pêché des ….
-Parle sans crainte. Seul nous entend le Seigneur.
-J’ai pêché des pouce-pieds !
-Des pouces-pieds ? Par la Vierge Marie ! Vous avez les moyens, vous autres goélands ! Mais
pardonne-moi, je ne devrais pas m’emporter et je t’ai interrompu.
-Hélas, tout cela n’est rien, mon Père. J’ai fait pire encore.
-Pire que les pouces-pieds ?
-Pire que les pouces-pieds ! J’ai calomnié, Mon Père, j’ai invectivé, j’ai vilipendé, j’ai fustigé.
-Tu as fustigé, mon fils ? Connais-tu la sanction divine pour le péché de fustigation ?
-Hélas, oui, mon Père. Mais j’ai fait pire encore : j’ai fustigé les handicapés mentaux.
-C’est mal, mon enfant, très mal. C’est un péché mortel. Car ce sont des gens comme toi et moi.
Enfin surtout comme moi. Ignores-tu que le Seigneur a dit : « Bienheureux les simples d’esprit car le
Royaume de Dieu leur appartient. »
-Je sais tout cela, mon Père. Mais j’ai fait pire encore.
-Encore pire ?
-Oui, j’ai fustigé non seulement les handicapés mentaux, mais aussi les candidats aux Élections
municipales.
-Malheureux ! Tu as fustigé les handicapés mentaux aux Élections municipales ! As-tu perdu
l’esprit?
-Mon Père, je demande votre absolution et le pardon pour mes abominables péchés.
-Puisqu’il en est ainsi , je te condamne, mon fils, à apprendre par coeur et à réciter chaque soir
l’Évangile selon Saint-Marc Gontard2014.fr
-Mais, mon Père, je n’entends point l’hébreu !
-Peu importe. Tu le liras en javanais, comme tout le monde.
-Vous êtes sévère, mon Père, mais je l’ai mérité. Et pour Belz, Leroy et Hilliet, quelle pénitence
devrai-je subir ?
-Belz va payer pour ses péchés. La justice des hommes a déjà tranché : il ira en prison pour vols
qualifiés : vol de la piste de l’aérodrome Port-Haliguen, vol de la statue du cheval du Général Hoche et
pour enterrements clandestins dans les jardins publics.
Leroy, lui, sera traduit, ainsi que son ministre des Armées, Boutet, en conseil de guerre pour
bombardements massifs sur des populations civiles en temps de paix.
Quand à Hilliet, c’est plus complexe, car il y a un conflit d’intérêt entre lui et les goélands : vous êtes
tous les deux des prédateurs de sardines. Le tribunal des prud'hommes rendra bientôt son verdict
impitoyable.
Ainsi soit-il !
Va en paix, mon enfant et médite la parabole du Grand Goéland : « Les vagues se suivent et ne se
ressemblent pas. »
Ça n’a aucun rapport, mais ça détend.
Te absolvo. Et arrête de manger mes grenouilles dans le bénitier.

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Cordialement,
Panpan Le Goéland